{60} Transcript ITV de Guy Carlier depuis la clinique par Marc-Olivier Fogiel

Retranscription de l'interview de Guy Carlier depuis la clinique des addictions avec Marc-Olivier Fogiel diffusée le 19 mars 2006 dans ONPP sur France 3

16h- une après midi de mars 2006  - chambre de Guy Carlier dans une clinique parisienne, "la clinique des addictions", telle qu'on la nomme. Guy Carlier, assis devant son plateau-goûter (une pomme et un yaourt),- face à son compère Marc-O. attentif, dans un fauteuil en cuir - se prête honnêtement et sans tabous à cette interview bouleversante de sincérité.  Florine 

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Marc-Olivier Fogiel : "Guy j'crois q'tais ici depuis le 10 octobre dernier. Qu'est-ce qui a fait qu'à un moment t'as voulu te prendre en main et qui a fait que t'as voulu te soigner ?

Guy Carlier : Au début - ça a duré des années - on va en parler, c'est une maladie très très ancienne et j'pense qu'il ne se passait pas une journée sans que j'me dise, aujourd'hui, j'me prends en main. Et chaque soir, j'mendormais en me disant :"Putain, encore une journée blanche !". Même si j'vivais, j'arrivais à avoir un semblant de vie professionnelle - sociale de moins en moins, et un jour, je sais pas, j'suis allé voir un médecin, on m'a forcé à aller voir un médecin, un nutritionniste qui a décidé de m'hospitaliser.

MOF : A un moment donné, on t'a dit que tu allais  rentrer ici plusieurs mois pour perdre, ... on t'a dit le nombre de kg ?!

G.C. J'avais on va dire 120 kg à perdre

MOF : On t'a dit, tu vas perdre 120 kg et tu vas rester plusieurs mois. A un moment donné quelle a été ta réaction ? Etre coupé du monde plusieurs mois et de partir hospitalisé pendant autant de mois. Est-ce qu'on a un peu l'impression que le sol se dérobe sous ses pieds ?

G. C. Non, bizarrement, très vite, j'me suis dit :"J'vais sauver ma peau ! Tu vois y a d'ça .

M.O.F Quand tu dis :"j'vais sauver ma peau", t'étais en train de mourir ?

G.C. Je pense qu'à terme, à court terme, miraculeusement, j'avais pas de problèmes fondamentaux, mais j'ai 56 ans et dans les deux ans, j'aurais eu des problèmes, mais pour le coup, énormes, quoi ! C'est évident ! Tu ne peux pas impunément peser plus de 200 kg, même plus de 240, sans avoir à cet âge-là des problèmes énormes.

M.O.F Ca veut dire que psychologiquement, tu t'étais préparé à être en fin de vie ?

G.C. On s'prépare à rien psychologiquement. La boulimie, c'est une maladie qui t'anesthésie. Comment tu peux imaginer que tu rentres chaque jour chez toi bouffer des tourgreaux de bouffe, comme ça , l'après-midi après avoir fait une émission le matin où le public t'applaudit dans un studio de radio, où t'as fait une chronique etc... et où tu te détruits l'après-midi ?

M.O.F  C'est à dire que, concrètement, quand tu étais sur ton lit l'après-midi et que tu mangeais, tu te sentais coupable de manger ?

G.C. L'après-midi, quand je mangeais, je ne me sentais coupable de rien. J'étais complètement anesthésié voilà ! C'est à dire, quand tu manges pendant 1h30 et tu ..., je lisais moi, je lisais des conneries comme uun pendule pour surtout ne pas penser que j'étais en train de me détruire. Et voilà ... et après quand t'as bouffé comme ça pendant, j'te dis 1h , 1h30, t'en peux plus, tu dors. Tu dors voilà. Une espèce de ouate ...

M.O.F : Et c'était un cycle comme ça  ? Et tu voyais des gens ?

G.C. En plus, tu te coupes de toutes tes relations affectives et sociales peu à peu, tu trouves toujours ... ça c'est une constante aussi des boulimiques ou des alcooliques ou des gens qui ont des problèmees de dope. Tu te coupes peu à peu des choses sociales en ayant une inventivité dans les excuses : "Ah!, mais non, j'peux pas ! ou Ah ! j'ai la crève, j'peux pas ! S'cuse-moi ! Parce que t'as envie de rester tout seul pour te détruire ... t'as pas envie d'aller ... c'est dément !

MOF : Tu mentais ?

G.C. Moi, y m'est arrivé une histoire incroyable ! Y a une copine d'école qui m'a envoyé un mail à la radio, donc qui m'avait pas vu, c'était avant la télé en me disant :"Ah! c'est moi etc..." Donc ça faisait 25 ans qu'on s'était pas vus. Elle me dit :" Viens le 14 juillet, je fais un barbecue etc ... et je savais. Alors ça, les gens que tu as vus, que tu as connus avant que tu sois gros, il n'est pas question de les revoir évidemment. Donc, on discute et tout, elle me dit :" C'est bien ce que tu fais à la radio et tout, et elle ne savait pas l'essentiel. Et j'ose pas lui dire donc, je n'y vais pas,  le 14 juillet, et la fille avait réuni toute l'école quoi, tous ceux qui m'avaient connu. Et donc, je me cache chez moi, je décroche le téléphone je bouffe pendant toute la soirée et je reçois des messages sur mon téléphone sur la boîte vocale , me disant :"Vraiment, t'as pris la grosse tête avec le show biz ! Où il est notre ami d'Argenteuil ?" etc ... des trucs terribles et donc, je pense que si elle m'a vu depuis à ONPP, elle a compris."

La suite de la Retranscription de l'interview de Guy Carlier depuis la clinique des addictions avec Marc-Olivier Fogiel diffusée le 19 mars 2006 à ONPP sur France 3

16h - une après-midi de mars 2006  - chambre de Guy Carlier dans une clinique parisienne, "la clinique des addictions", telle qu'on la nomme. Guy Carlier, assis devant son plateau-goûter (une pomme et un yaourt),- face à son compère Marc-O. attentif, dans un fauteuil en cuir - se prète honnêtement et sans tabous à cette interview bouleversante de sincérité.  Florine 

MOF : « Tu sais ce qui t’a conduit comment ça à la boulimie ? » 

G.C. : Je pense que toutes les addictions sont liées à des sentiments d’abandon. Je ne veux pas rentrer dans les détails, mais c’est des choses qui remontent à l’enfance. On va dire, une absence de père à déjeuner.

          MOF : Un beau père qui ne t’aimait pas suffisamment.

G.C. : Oui voilà ! C’est difficile dès le début quand t’es un môme et que tu sens qu’il y a quelqu’un qui te fait penser que tu es un mec tordu. Et donc, à 6 ans, y avait un mec qui ne m’a pas aimé. Parce que non seulement, t’as pas tes réponses et ta construction que doit assurer un vrai père et en plus t’as un mec qui t’aime pas.

       MOF : Mais à quel moment t’as commencé à te détruire physiquement ? T’étais mince Guy, j’ai des photos de toi où …

G.C. Oui, mais ça c’est la conséquence, mais la boulimie était déjà. J’ai fait du sport, j’arrivais à des artifices : j’faisais des jeûnes de trois jours etc … y a une quinzaine d’années, j’ai arrêté de faire du sport, j’ai arrêté de fumer la même année, j’ai pris genre, 50 kg d’un coup.

MOF : 50 kg, donc à la quarantaine, c’était rampant,

G.C. : Voilà, et là, j’étais débordé, c’est le cas de le dire. Après, voilà, mais le phénomène était là.

MOF : T’as deux enfants Guy. Deux fils. Ils t’ont vu te détruire, aller presque jusqu’à la mort.

        G.C. : Le grand m’a pratiquement pas connu gros. Il a 36 ans, donc, voilà, il avait déjà 20 ans, il était en fac, il avait son appartement à Paris et puis ensuite, il est parti aux Etats-Unis.

Le p’tit lui, il n’a pas connu ma vie d’avant de directeur financier, donc, il m’a toujours vu dans le show biz et donc, il avait cette espèce de fierté, il entendait les chansons à la radio, Mélody, tout ça, ou il savait que j’allais à la radio, et en contre-partie, y avait dans le non-dit. Par exemple, je l’emmenais à l’école et je lui disais : « Ben, j’te laisse au feu rouge parce qu’après, je prend la route … Il savait très bien pourquoi j’le laissais au feu rouge, c’était pour ne pas croiser le regard de ses camarades, donc y avait un truc comme ça.

MOF : Est-ce que dans la relation forte que tu avais avec ton fils aîné, il lui arrive de te dire : « J’suis heureux que tu reviennes à la vie, je savais q’t’allais mourir. »

G.C. Non, il m’a juste dit qu’il avait eu peur pour moi. Il m’a juste dit qu’il a eu très peur. Il a eu très peur, mais il savait qu’il ne pouvait pas me dire : « Putain, prends-toi en main ! » Ca servait à rien , en plus, tu mens en permanence, c’est à dire que ,… tu sais les mecs qui vont acheter des allumettes et qui r’viennent pas , moi j’allais acheter , j’sais pas quoi, et j’allais bouffer dans la voiture, c’était un bordel ! De charcutiers, tu sais de traiteurs, tu vois, et tu reviens et t’as la honte. Tout le monde le sait q’t’as bouffé, tout le monde le sait, comme quand les gars vont boire, tout le monde le sait, et tu culpabilises, alors qu’y a pas à culpabiliser, il faut juste comprendre que ce sont des maladies et essayer de se sortir de ce truc-là. Mais l’enfer là-dedans c’est les autres, c’est vrai, c’est le poids du regard des autres. "

Source photos et article ci-contre : www.tv8.ch

Suite & FiN prochainement !

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Sources : "ONPP" émission du 19 mars 2006 sur France 3

photos : "VSD" : décembre 2005

www.imedias.biz

www.france3.fr

Florine

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Sources : "ONPP : Interview de Marc-Olivier Fogiel du 19.03.2006 sur France 3

Photos : "VSD" décembre 2005

              :    imedias.biz

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Comments

[Florine]

oui, biensûr que nous avons remarqué le changement de look de Carlier ! L'élégance XXL de Guy Carlier ou sa "Fogielisation",partenaire look de Fogiel... transformation lente, mais certaine, ce soir aussi d'ailleurs ... et ce n'est que le début !

[Tom]

Petit détail qui n'a surement pas échappé aux fans :
Carlier était super élégant dimanche dernier, chemise blanc et tout.

Tom

[betty05]

Banale déclaration à un homme on ne peut moins original que toi. J'étais une auditrice assidue des Fous du roi et, si j'ai continué à regarder onpp, ce n'est que pour ta prestation. Bien que je sois hyperphagique et un peu obèse (près de 100 kgs à 50 ans), je ne te dirai pas, comme Marcillio Garcia, que nous nous ressemblons. Même si je les apprécie, je ne t'arrive pas à la cheville en ce qui concerne tes réparties qui reflètent ta culture et ton intelligence. De plus, tu es beau alors que Marcillio est laid. Bisous et Bravo. Béatrice

[josefina]

Guy, Merci de m'avoir fait tordre de rire, je me souviens de votre prestation chez S.Bern lorsque Michel Rocard était l'invité! Je sais où j'étais: dans ma voiture. J'ai 66 ans, 95 kg pour 1 m50 et je souffre de boulimie depuis l'âge de 12 ans environ. Autre addiction; dépenses compulsives si bien que, mise à la retraite, c'est dur et même plus!
Bravo pour vos presque 60 kg perdus, votre foi retrouvée en l'amour et la vie; bonne chance à vous

[Isa]

pas "tourgeaux" mais "tombereaux" ;o)