{126} "La boule au ventre" pour le livre de Guy Carlier

28 juillet 2006

" La boule au ventre " : Un lecteur obèse* donne son avis sur le livre de Guy Carlier :"Le coeur au ventre" sur www.ciao.fr

Plutôt intéressant comme avis ... !

Guy Carlier, tout le monde le connait pour ses chroniques acerbes. J'ai d'ailleurs quelques uns de ces recueils, comme "Ultimes chroniques télé"... alors bien sûr, on aime ou on aime pas. Il donne souvent dans la provocation, on peut y lire par exemple, en parlant d'une 'pipole télé' : " La conne du jour est ... " Voyez comme il peut aller loin... même si il faut prendre tout ça au second degré. On connait aussi Carlier pour son obésité, conséquence de sa boulimie, et "Le Coeur au Ventre " est une autobiographie, où il parle bien sûr de ses problèmes avec la bouffe... Si j'ai acheté ce bouquin, c'est que je me sens tout à fait concerné par ce problème, puisque moi-même je suis obèse, parce que boulimique... j'ai essayé de me battre mais je n'y arrive pas (mars 2004 : 143 kilos, décembre 2004 : 90 kilos, juillet 2006 : 137 kilos) Alors bien sûr j'ai lu ce livre avec beaucoup intérêt, je l'ai dévoré, c'est le cas de le dire, puisque acheté hier après-midi et fini hier soir...

Il y a une affirmation intéressante et que j'ai automatiquement retenu de tête : " La boulimie est une maladie d'enfant abandonné qui refuse de grandir tant que ses parents ne viendront pas l'aider en lui donnant de l'amour " Alors que s'est-il passé dans sa vie ? Il faut savoir que Guy a vécu dans une famille recomposée, sa mère lui a présenté un jour un monsieur qui allait être son " nouveau père "... le fameux Monsieur R. comme il l'appelle. Ce dernier lui a pourri la vie. En fait, il a compris que ce qui gênait Monsieur R. dans la présence de cet enfant, c'est qu'il était la trace de celui qui avait vécu avant lui avec sa femme... avec son language un peu cru, car oui le language employé dans le bouquin est très cru, il disait n'être rien qu'une " tâche de sperme ". Sa mère était un peu distante. Il était en permanence puni car il a eu une enfance "difficile", disons qu'il se faisait remarquer, car ce n'était pas un enfant particulièrement timide. A 13 ans, en colo, il a eu son premier baiser avec ses 140 tours de langue (oui vous avez bien lu)... lol... Oui car il pensait qu'un baiser parfait consistait à tourner 7 fois la langue dans la bouche (il avait entendu cette expression là, et il avait cru que...)

Le livre est truffé d'anecdotes croustillantes et amusantes. Mais Carlier joue beaucoup avec le lecteur; il nous tutoie d'ailleurs (il suffit de lire le 4ème de couverture pour avoir le ton du livre )... on est directement interpellé... et pour tout dire il n'a pas grande considération pour nous, par exemple il nous dit à peu près: je sais que t'en à rien à foutre de ce que je disais plus haut, et que tu veux que je réponde aux vrais questions que tu te poses, celle qui t'ont poussé à acheter mon bouquin : " Combien il peut peser ?", " Comment ça bouffe un gros pour devenir comme ça ? " , " Est ce qu'un gros ça baise et si oui comment il fait ? " et surtout, "Est ce qu'un gros à le bras assez long pour s'essuyer le cul ? ", Lol ! Moi ça me fait marrer, j'avoue qu'à cette dernière question j'ai éclaté de rire ... C'est vrai qu'à 240 kilos (le poids de Carlier au pire), on peut se poser la question ! Et le pire c'est qu'il donne des détails ! Donc aucune considération pour son lectorat, enfin c'est un jeu à prendre au second degré, quoique...

Il parle beaucoup de la vie affective et amoureuse de son enfance, sans jamais tomber dans la psychologie... il raconte vraiment sa vie, tout au long du bouquin, sans vraiment se prendre la tête, avec son language cru, en nous interpellant en permanence, c'est assez divertissant !

Carlier a été très tôt boulimique, mais ça ne se voyait pas vraiment au début parce qu'il compensait par le sport. Il nous parle de sa vie professionnelle bien entendu, en parlant de l'adaptation de sa boulimie à son boulot. D'ailleurs le bouquin est intéressant car Carlier, comme vous le savez, était directeur financier, et il bossait pour un milliardaire saoudien, Kashoggi, et il voyageait beaucoup, il a donc fait plusieurs chapitres intitulés si mes souvenirs (frais d'hier quand même) sont bons : Room Service... alors on a droit à Room Service Djedda, Room Service Santa Barbara, Room Service Salt Lake City, Room Service Beyrouth... (ce dernier étant très intéressant !) Et oui, c'est à dire que Guy a tout de même une vie intéressante ! Et il y a une part de voyage et d'exotisme ! D'ailleurs, il en pleurait, car à chaque voyage remarquable il se rendait compte qu'il n'avait personne avec qui partager ces moments exceptionnels... il lui manquait un véritable amour.

Carlier a été viré, sa boite a fait faillitte, Kashoggi a monté un énorme projet à Salt Lake City qui a foiré, et puis il s'est fait pincer pour des histoires assez sombres de corruptions... Carlier a décidé de ne pas rechercher le même taf, marre des magouilles... envie... d'écrire ! Oui car sa passion c'est l'écriture, il a toujours été doué pour ça, enfin c'est ce qu'il dit, parce que je ne vois rien de transcendant dans ce que j'ai lu ! Il a un style, c'est certain, mais de là à parler de talent... Qu'a-t-il fait ? Il a envoyé des textes pour des chansons à droite à gauche (d'ailleurs son idole, le gars a qui il se confiait dans les coups durs lorsqu'il était petit, c'était Johnny ! Oui Johnny Hallyday... enfin un poster de Johnny ! ;o) Certains lui ont répondu en l'encourageant (Marcel Amont, Adamo, Delpech...) Là on se dit que les 'pipoleries' commencent, car en effet, à partir de là il va rentrer dans ce petit monde... De fil en aiguille on vas l'appeler pour trouver un texte à une musique qui sera interprété par une gamine de onze ou douze ans... et tout le monde séchait dans le " tout-paris... " Carlier arrive et séduit par son texte : " Y'a pas que les gens qui s'aiment " ! converti en " Y'a pas que les gens qui rêvent" (parce que c'est une gamine qui chantait on a enlevé 'aimer' ) Chanté par Melody, ce fût un succès au top 50...Et puis les rencontres se succèdent , et son arrivée à France Inter avec Laurent Ruquier, ce dernier ne l'aimant pas et ne s'en cachant pas d'ailleurs : apparemment Laurent, lorsqu'il faisait des petites fêtes, donner le plan pour s'y rendre à tous... sauf à Guy ! Sympa ! Mais ça avait le mérite d'être clair. Et puis il arrive à la télé... sur France 3, avec Marco ... Il nous livre quelques anecdotes sur sa vie autour de la radio... ses visites nocturnes à l'épicier du coin, ses livraisons de bouffe à domicile, le monte charge qu'il préférait aux escaliers... les problèmes d'ascenceurs... , son accident sur un plateau de télé... bref...

Il y a aussi l'épisode de la cure diététique à l'hôpital... étonnant... où on assiste à de véritables orgies la nuit tombée, avec là encore des descriptions très crues, mais quelque part je trouve qu'il parle de la vie, de la vraie vie, sans rien vouloir en cacher... il est franc et sans détour... c'est à dire que parfois, à force de vouloir cacher, ça parait malsain (oui car on a l'impression qu'il faut cacher quelque chose de 'mal') alors que là c'est décrit de manière abrupte sans détour,et ça a du bon quelque part, même si ça ne peut pas plaire à tout le monde !

Ce que j'ai trouvé bizarre là dedans, c'est qu'il nous parle très peu de ... "la femme de sa vie"... je veux dire de celle avec qui il s'est marié et avec qui il a eu des enfants ! Il le justifie en disant qu'il n'y avait pas vraiment d'amour là dedans...

Je reste un peu sceptique tout de même, car depuis janvier 2006, comme vous le savez sans doute si vous vous intéressez un peu à Carlier, Guy a rencontré la vraie "femme de sa vie".. il est tombé très amoureux de la fille d'un type qu'il adore, Joséphine Dard, fille de San Antonio... oops, pardon, je veux dire de Frédéric Dard.. et j'ai lu dans une interview que ça lui donnait le vertige, l'idée d'avoir comme grand père d'un futur éventuel enfant (qu'il projete de faire), Monsieur Frédéric Dard... voyez pourquoi je suis sceptique ? A cela il faut rajouer que son coeur s'est emballé plus d'une fois au cours de sa vie... M'enfin, je veux bien croire en ce Happy End, et j'espère pour lui que effectivement il est enfin " entré dans la lumière "...

Bien sûr j'espèrais retrouver des similitudes entre la vie de Carlier et la mienne, ce qui aurait pu expliquer mes troubles... une partie de mes propres problèmes. Ca a été un peu le cas. Bien sûr, il y a une différence de taille, c'est que lui a nettement dépassé les limites et que c'est un super obèse, alors que moi je ne suis qu'un maigrichon d'à peine 140 kilos, j'ai un travail physique et je me permet même d'aller courir... enfin trottiner, régulièrement et de faire du vélo ! Rien à voir avec Carlier et ses 240 kilos... et puis quoiqu'on en dise, il a beau se plaindre du manque d'amour, celui de son père c'est certain, mais ce n'est pas un handicpé question vie affective, premier baiser à 13 ans, une femme et des enfants, des coups de coeurs, et aujourd'hui un récent grand amour... il se sent seul, et c'est vrai qu'il s'enferme dans la bouffe, mais ce n'est pas à proprement parler un solitaire qui n'a que la bouffe comme compagnie... et puis il a des passions, comme l'écriture... et puis rajoutons à cela qu'il a été plus qu'heureux quand on lui a proposé de vivre de ses conneries, c'est à dire de son humour et de son "talent" .... je rajoute encore qu'il a eu une vie intéressante à bien des égards (ses voyages d'affaire tout de même) Alors oui, d'un autre côté, ça rend encore plus curieux le fait qu'il ait trouvé refuge dans la bouffe, mais de l'autre, on ne peut pas vraiment le plaindre des masses ! Mais malgré toutes ces différences, différences de taille dans à peu près tout les domaines, je me suis reconnu dans certains comportements...

Est-ce une lecture à recommander ? Perso, en tant que boulimique, j'ai trouvé ça très intéressant, j'y ai même trouvé quelques pistes de réflexions. Et puis, c'est très divertissant, j'ai rigolé, il y a aussi un brin d'émotion.... oui j'ai passé un bon moment en compagnie de ce bouquin. Moi le language cru ne me gêne pas, surtout qu'il correspond bien au personnage, et il évite une certaine hypocrisie, mais je sais que cela pourra en choquer certains... vous voilà prévenus !

"Le Coeur au Ventre", autobiographie de Guy CARLIER, aux éditions PLON, environ 200 pages, 17,50 €uros TTC.